Donne-moi ton coeur, que je le brûle au milieu
de l' automne, en un endroit surveillé par douze
crocodiles aveugles. Donne-moi ta main, que tes
doigts coulent comme des cierges sur les draps
de l' aube. Que ta chevelure devienne un dragon
qui mange une chimère ! Donne-moi encore tes lèvres, femme,
que mes doigts lacent sur toi les nids de l' amour,
sur le torrent d' une nuit perdue à jamais.
Reste, reste, femme, parce que les planètes
ont besoin du fiel terrien des mystères,
parce que tu es la mémoire des pierres et des
vagues. Donne-moi ta fuite, donne-moi ton cri,
donne-moi ton ventre et tes squames, donne-moi
la grâce.