samedi 19 octobre 2024

Le gitan et la Lune.



Le Poète qu' a-t-il dit ?
Il a dit que la Lune des gitans
est un globe de sang doré
et étrange.
Il bout quand il est
piqué par l' aile d' un papillon,
il rôde la nuit parmi
les mugissements des rivières
debout.
Mais qui regarde encore la Lune ?
Le gitan regarde la Lune
et se retourne
sur l' invisible ombre qui
le frôle.

jeudi 10 octobre 2024

Le toit de ma maison.



La maison que je construis n' aura
un toit que le jour de ma mort.
Elle ne sera pas achevée avant.
Elle n' a ni portes ni fenêtres
ni entrée, elle a des bras, une bouche,
des artères, un ventre.

C' est une bien étrange maison. 

J' ai pris ma guitare pour attirer 

la lumière à l' intérieur, et quand 

elle est entrée, j' ai joué pour la retenir.

Et elle y a dansé, dansé, danse,

danse encore.


Elle a accueilli beaucoup de femmes. 

La plupart de passage, le temps

d' un frôlement d' air ou d' un regard. 

Mais une seule, une seule !, est là, à

mes côtés, et c' est celle que j' aime.


Puis le rire des enfants a retenti 

dans les couloirs de la maison.

Et sans ce rire, jamais elle

n' aurait pu devenir aussi lumineuse,

aussi vaste, vaste, immense, elle est

immense.


Le toit de cette maison est un

morceau brut de ciel brut, un parapluie 

de nuit brute, d' étoiles brutes. C' est

bien ainsi. Posez-en le toit, mais, de

grâce, attendez, attendez pour cela

que sonne le jour de mon départ.

samedi 5 octobre 2024

Les étoiles du carnage.



Je ne regarde ni les paysages 
ni les gens, le vent s' en charge 
pour moi - le vent et les étoiles du 
carnage.
Mais quelquefois, sur les chemins, 
au creux d' un pas solitaire, le désir
me prend d' apercevoir 
un visage, de m' en approcher, 
de le détailler lentement avec mes  
mains.
Comme un bout de bannière qui claque,
le vent surgit alors de nulle part,
et il pose sur mon chemin des millions
de visages. 
Je détourne les yeux de ces millions 
de visages et reprends mon chemin,
tête baissée.
 
Je ne veux regarder ni les paysages ni
les gens. Les étoiles du carnage sont là,
qui planent au-dessus de ma tête.